Chapitre 2 (8/10)

(du 29/11 au 02/12)


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29/11/02

Lieu : Mont Abu

Plus de 5 heures de route en bus… On a demandé à voyager en cabine afin de profiter du spectacle…

Je pense vous avoir déjà décrit les expéditions routières… Celle-ci fut de toute première qualité… On a encore eu droit aux vaches, aux intrépides dépassements, aux arrêts « pipi » et aux impitoyables coups de klaxon… Le paysage, s’il reste toujours aussi aride, est néanmoins plus agréable… On traverse une région de basses collines parsemées d’oasis verdoyante. Ceci jusqu’à Abu Road… Ensuite c’est la terrible montée pour le Mont Abu… 20 km… 1 heure de montée en suivant une route qui serpente jusqu’en haut du plateau où se trouve notre destination… Pour arranger le tout, notre chauffeur passe tout le voyage à se shooter aux bindis, cigarettes et autres substances à chiquer… Il n’arrête pas de cracher par la fenêtre, pour le plus grand désespoir d’Hélène, blottie juste derrière son siège… Un bon coup de vent et elle se prend tout dans l’œil… Beurk… Fort heureusement pour elle, le cracheur est un expert… Ses longs jets de salives ne l’atteindront pas ! Michel est à ses côtés, également coincé entre le siège du conducteur et la paroi qui nous sépare des passagers… 

La montée vers Mont Abu

Tous des Indiens… Aucun occidental… Pour ma part, je suis bloqué entre la dite paroi et l’imposante boîte de vitesse, chauffée à bloc (au moins suffisamment pour se faire des œufs aux plats !), qui émerge dans la cabine (comme dans tous les bus Indiens d’ailleurs…). Une Indienne, assez opulente, fera presque tout le voyage assise, juste devant moi, sur la dite boîte de vitesse… Avec la chaleur du moteur, bonjour les hémorroïdes !

Sur les bas côtés de la route, des bandes de singes, les « longues-queues », nous regardent passer, tranquillement assis sur les parapets qui nous protègent d’une chute désagréable… Les singes me rappellent les Indiens, également assis aux bords des routes…

A l’arrivée, taxe de 10 Rs pour accéder à cette place de villégiature pour jeunes mariés… Pas de rickshaw ici… Mais on trouve des petites charrettes bleues montées sur roulettes… Très pratiques pour transporter nos sacs ! Les rabatteurs des différents hôtels sont bien entendu présents… Mais ils n’insistent pas trop, d’autant plus que nous savons où aller… Au bord du lac ! Mais je ne vais pas trop m’attarder sur ce lieu… Je compte bien vous le décrire en détails ultérieurement… ça vaut vraiment le coup !

On traverse le village pour rejoindre l’un des deux hôtels qui surplombe le plan d’eau. Le premier nous convient… 200 Rs pour moi, 300 Rs pour mes amis. Leur chambre est décorée à l’indienne, avec de grands miroirs sur les murs… Je vous rappelle que Mont Abu est la destination privilégiée des jeunes mariés…

Sitôt nos sacs déposés, nous arpentons le centre ville. Les rues sont très animées. Il y a très peu de touristes occidentaux… On en croisera une dizaine au cours de la journée. Par contre, les touristes indiens sont des milliers ! Je vous raconte pas l’ambiance… Ou plutôt si… Je vais essayer de vous la décrire au cours de mon séjour ici… Il y a quantité de boutiques, de restos, d’hôtels, de magasins de photos et de souvenirs… Mais tous sont destinés à une clientèle indienne ! C’est plutôt kitsch ! Et bien sur, tout est « Made in China »… On se tape un super thali avec Hélène… 

Super parce que le service est à volonté, presque forcé par les serveurs qui s’étonnent de nous voir dévorer leur nourriture nationale… Bon, c’était pas mon meilleur thali mais pour le service, bravo ! Ils se sont succédés toutes les 3 minutes pour remplir nos écuelles de lentilles, de riz, de chapatis, de légumes variés et de tout ce qu’on voulait… 

Un bon thali...

Jusqu’à ce qu’on leur fasse comprendre qu’on n’en pouvait plus ! Le tout pour 40 Rs (moins d’1 euro ! Je rappelle à celles et ceux qui auraient encore du mal avec les conversions qu’1 euro = 47 Roupies environ…). Michel, qui n’ose toujours pas trop se lancer dans la cuisine indienne (je vous rappelle qu’il est restaurateur), se contente d’une pizza aux fruits ! Ridicule ! A peine 15 cm de diamètre ! En fait, depuis plusieurs jours, Michel s’est mis en tête de perdre une dizaine de Kg (Annie, si tu lis ces lignes, tu risques d’avoir une surprise !) … N’empêche qu’il bave sur nos plats… Demain, on essaiera de le convertir. Et puis surtout, c’est bien dommage de passer à côté de la cuisine indienne… Selon moi, c’est comme pour le panthéon hindou, si on ne s’y intéresse pas un tant soit peu, on ne risque pas d’appréhender la culture locale… A sa décharge, j’ajouterai quand même qu’un bref coup d’œil dans les cuisines des restos a de quoi couper l’appétit d’un affamé…

Plus que rassasié, je me rends dans l’un des deux seuls cybercafé de la ville. Pas de connexion possible avant 18h30… Hélène et Michel, - surtout Michel - sont allés manger une glace. J’avais repéré des joueurs d’échecs… J’assiste à la fin d’une partie et bien sûr on m’invite à m’asseoir… France/Inde… Sans vouloir me vanter, je ne joue pas trop mal… Première partie, j’arrive in extremis à sauver la face en arrachant le nul… Seconde partie… Une erreur et c’est la défaite ! Je vais essayer d’avoir ma revanche avant de partir ! L’honneur de la France est en jeu !

Je rejoins mes amis à l’hôtel… On bouquine un peu…

Je retourne au cybercafé vers 19h00… J’apprends alors que cela fait 3 jours que Mont Abu est coupé du reste du monde ! Et cela risque de durer… J’ai un peu la haine… J’ai un message important à envoyer le 1er décembre…

Retour à l’hôtel… Il commence à faire très frais… Hélène est emmitouflée dans une couverture et Michel a déjà enfilé sa deuxième paire de chaussettes !

Et me voilà devant mon ordinateur… A priori dodo de bonne heure ce soir…

Mont Abu... Havre de paix...

30/11/02

Lieu : Mont Abu

Réveil matinal au son de trompes et de cloches… Mont Abu est le siège d’une secte étrange et pacifique qui ne passe pas inaperçue… Mais je vais y revenir plus tard… Selon mon habitude, je monte sur la terrasse pour admirer le lever du Soleil en attendant le réveil d’Hélène et de Michel. Je déguste un chai bouillant pour me réchauffer. La nuit fut « glaciale » et la matinée est encore très fraîche. En attendant que le Soleil répande sa bienfaisante chaleur, nous nous attaquons à un solide petit déjeuner. La journée sera longue et nous avons décidé de nous réserver pour le thali de ce soir… Mais je vais également y revenir plus tard…

 

Le village est encore bien calme… Les Indiens sont en week-end et ils en profitent sans doute pour faire la grasse matinée… On part faire le tour du lac (qui n’a de lac que le nom ! Il s’agirait plutôt d’un petit étang !). En chemin, on rencontre une bande de singes à longue-queue. Petit crochet pour admirer la vue sur la plaine rajasthane à proximité d’un temple dédié à Ganesh et lieu de … On termine ensuite le tour du lac et on fait une courte pause à l’embarcadère. On y trouve des barques et surtout des pédalos super kitch ! En forme de cygne, de canard ou de poisson… Balade romantique sur le lac pour les jeunes amoureux… J’abandonne mes amis pour essayer d’aller prendre de vos nouvelles et vous en envoyer. On prend rendez-vous pour 16 heures afin de se rendre au « sunset point » et admirer le coucher du Soleil.

Pas d’électricité ! Y’avait longtemps que ça ne m’était plus arrivé ! Mes amis n’étant pas trop branchés « spiritualité », j’en profite pour aller rendre visite au musée du « Renewal Spiritual Center », siège de la secte sus-nommée… Accueil chaleureux ! Om shanti !… Un homme tout de blanc vêtu et souriant me propose de visiter le musée… Son (explication en anglais) et lumière (afin de guider nos pas tout au long de la visite)… Le centre propose même un « laser show », soi-disant propice à la méditation… Om shanti !… Ce dont je ne doute d’ailleurs pas… Mais il n’y a toujours pas d’électricité… Le son et lumière est quant à lui susceptible de fonctionner 24 h sur 24… Groupe électrogène disponible… Je suis donc la visite, passant de superbes panneaux explicatifs en vitrines où figurent des mannequins… Je passe rapidement sur les explications : le mal règne sur la terre mais il ne tient qu’à nous de nous en sortir afin d’atteindre le paradis… Vishnu est là pour ça ! Om shanti !… 

Quant aux panneaux et vitrines, ils illustrent parfaitement les explications de façon simpliste et imagé, autant dire accessible à tous. Ce soir, il y avait une trentaine d’écoliers qui attendaient la visite… 

Mont Abu... Rencontre avec des sages... 

Euh... des singes !

J’ai un peu coincé… Mais bon, cette secte semble bien inoffensive (comme toutes les sectes me direz-vous !)… Om shanti !… 

Le plus amusant, ce sont les vitrines… On y trouve des monstres cornus censés représentés nos vices ou des scènes dramatiques de la vie quotidienne… Meurtre, mort prématurée, homme battant sa femme, maladie, pauvreté… Om shanti !… A la sortie des 4 salles du musée, on trouve tout plein de bouquins sur la méditation et le yoga… Quelques-uns sont en Anglais… L’homme en blanc qui ma accueilli m’y attend… Il me donne les adresses du centre-secte en France. Il y en a 18, répartis un peu partout (Si ça vous intéresse…). J’achète pour 10 Rs le guide du parfait saint-homme (à méditer quotidiennement… Om Shanti !) et un petit guide du parfait méditant (accès au Paradis garanti ! Om Shanti !…)… De quoi parfaire ma route… A la sortie, je me fais aborder par un autre homme en blanc… On discute pendant près d’1 heure ! Il parle un anglais courant et son discours humaniste est plaisant à l’oreille… Encore que le concept de Dieu Universel (Om Shanti !) qu’il évoque sans cesse me laisse de marbre… Mais bon… A chaque fois que je rencontre un Indien qui parle un anglais compréhensible, je n’hésite pas à l’interroger… Je le laisse me débiter son laïus avant d’en arriver à ce qui m’intéresse. Méditation, yoga, Bien et Mal, quête spirituelle et sadhu… Il me confirme que l’habit ne fait pas le moine…

Je le quitte afin d’aller prendre ma revanche aux échecs… C’est pas encore pour aujourd’hui… Deux parties… Une gagnée, une perdue… Ils sont une dizaine d’amateurs à se retrouver devant une « pharmacie » et ils maîtrisent pas mal l’échiquier… Lorsque arrive mon tour de jouer (ils me cèdent la place rapidement !), ils sont bien une vingtaine à commenter la partie ! En Hindi bien sûr ! Heureusement, certains baragouinent un peu d’anglais et on finit par bien rigoler !

16h00… Je rejoins mes amis… Coucher de Soleil passable… Une épaisse couche de brouillard (chaleur/pollution) recouvre l’horizon et le Soleil disparaît prématurément… Nous sommes arrivés de bonne heure et nous nous sommes un peu écartés des sentiers battus… Bien nous en a pris… Au moment de partir, on se rend compte que nous sommes des centaines à être venu ce soir profiter du spectacle…

Du super thali !...

Seuls occidentaux, on ne passe pas inaperçu ! Surtout Hélène… Il commence à faire froid et si tous les jeunes et moins jeunes Indiens qui la déshabillent du regard parvenaient à leur fin, nul doute qu’elle ne tarderait pas à attraper un rhume ! Sur le parking, situé à quelques centaines de mètres, une trentaine de jeep-taxis et quelques bus attendent leurs clients… Le village n’est qu’à quelques centaines de mètres mais les Indiens sont peu friands de marche à pieds ! certains effectuent le court trajet à cheval ou en charrettes bleues…

De retour au centre ville, on se rend dans le resto qui sert le meilleur thali de la ville… Nous sommes seuls dans une grande salle… Sur toutes les tables, les grands plats et les petits bols en inox sont déjà prêts… Une bonne dizaine de serveurs patientent en attendant les clients… Il n’est que 19h00… Les serveurs se succèdent et garnissent nos plats de plus d’une quinzaine d’ingrédients, sauces et préparations diverses… Le « maître d’hôtel » nous commente le service… On attaque… S’en suit la valse des serveurs qui se succèdent inlassablement pour remplir nos écuelles… jusqu’à ce qu’on abdique… Et encore, certains reviennent après cela… Lorsque le « maître d’hôtel » finit par venir à son tour s’enquérir de l’état de nos estomacs et qu’il nous demande si on désire autre chose, je lui ouvre mon sac à dos et lui dit d’apporter la suite… Véritable orgie pour 45 Rs le thali, 20 Rs pour la bouteille d’eau de 2 litres et autant pour un « sweet lhassi » (yaourt à boire sucrée), idéal pour faire passer le tout…

Passage rapide à Internet… ça marche ! Et en plus c’est super rapide !

Retour à l’hôtel… J’ai enfin terminé le « guide de l’auto-stoppeur inter-sidéral »… 590 pages en anglais… Et j’ai pu reprendre aujourd’hui ma lecture du Mahabharata… également en anglais !

PS : Ce serait super sympa d’envoyer un petit mot à mon ami Tardus qui édite ces lignes… Je dois vider ma boîte régulièrement et j’aimerais garder une trace de vos commentaires… Merci d’avance… Et encore un énorme merci à toutes celles et ceux qui daignent m’envoyer des news… ça fait vraiment plaisir… Gros bizoux… et à très bientôt…

Dimanche 01/12/02

Lieu : Mont Abu

Les cloches sonnent. Je reste néanmoins sous ma couverture… Il fait trop froid et je sais qu’il n’y aura pas d’eau chaude avant 7h00. Et puis c’est dimanche…

On se retrouve avec Michel et sa fille, la belle Hélène, vers 8h00. Ce matin on a décidé de faire la tournée des temples… à pieds… Quelques kilomètres en perspective… Sinon, on peut toujours participer aux visites organisées en car… Plus d’une dizaine de sites dans la journée. On prend une omelette au Mc Donald’s local (une charrette chargée d’œufs), accompagnée d’un chai fortement parfumé au gingembre.

Mc Do local...

On a commencé par le « Adhar Devi Temple », temple hindou dédié à Durga Devi Mata, la déesse principale du panthéon indien. En bas de la colline où se dresse le sanctuaire, les marchands du temple occupent les deux côtés de la chaussée… Babioles pour touristes indiens essentiellement, offrandes pour le temple et boissons fraîches… Ils sont bien une trentaine à proposer les mêmes articles (bracelets colorés - « bangles » - , effigies de Dieux, porte-clés, jouets divers, encens…). Jeeps-taxis et bus se succèdent, déversant leur flot de touristes (que des Indiens…). On gravit les quelques 300 marches (Ouf !), on ôte nos chaussures et on se faufile entre d’énormes rochers. On doit finalement se mettre à 4 pattes pour accéder à la salle principale où sévit le brahmane. Quelques dévots prient en silence ou offrent noix de coco, bonbons, argent, fleurs et morceaux d’étoffes brodées. Le brahmane récupère le lait de coco, une partie des bonbons, l’argent, les fleurs et les étoffes. Il rend la noix et ce qu’il reste des bonbons. Mais le brahmane garde le reste… Les bonbons seront redistribués immédiatement aux dévots. Le reste est censé aider les pauvres. Photos interdites…

Quelques kilomètres plus loin se trouve le fameux « Dilwara Temple », un temple jaïna. Le jaïnisme est une religion aux principes austères qui prône la non-violence et un ascétisme draconien… Ce sont eux qui balaient devant eux pour ne pas écraser d’insectes ! Ou recouvre leurs bouches d’une voile pour ne pas en absorber… Le temple n’ouvre aux visiteurs qu’à partir de midi, le temps pour nous d’aller boire un chai. Des panneaux à l’entrée signalent les règles de conduite à tenir dans le temple. On doit laisser nos sacs, nos articles de cuir (ceintures notamment), notre nourriture, nos armes à feu !, nos radios, nos appareils photo, nos caméras et bien sur nos chaussures à l’extérieur… Pas de chique, ni de cigarette… Interdiction de toucher aux sculptures, de pénétrer dans les cellules des idoles jaïna, de se promener main dans la main, voire même la main sur l’épaule… Les agents de la sécurité, armés de fusils à pompes, sont susceptibles de nous fouiller à tout moment… Enfin un panneau interdit l’accès du temple aux femmes qui ont leurs règles, sous peine de « douleur possible ». Cela amuse Hélène… Et nous autres aussi d’ailleurs…

Somptueux, magnifique, fastueux, grandiose, exceptionnel, sublime, MONUMENTAL… C’est de loin le plus beau temple que j’aie pu voir depuis mon arrivée en Inde… Photos interdites… Le temple se compose de 5 édifices, dont 3 sont particulièrement remarquables. Le plus vieux daterait de près de 1000 ans. Le marbre y est présent du sol au plafond. Mais la pierre est entièrement sculptée. Si finement que par endroit on dirait de la dentelle. Les piliers, reliés par des arches, les plafonds et les murs… Il y a des sculptures partout et on ne sait plus où poser les yeux… Photos interdites… Les groupes de touristes défilent sans discontinuer par vagues de 30 à 40 personnes… Pas plus de 5 minutes dans chaque bâtiment sous les injonctions des guides qui récitent leurs commentaires à toute vitesse… Nous prenons quant à nous le temps de faire le tour… Tout notre temps… Aucun bus ne nous attend dehors… Comme on prend même le temps de s’asseoir pour assister au défilé, on se fait bien sûr brancher par des jeunes adolescents… Parmi les touristes, il y a pas mal de Jaïna, tout de blanc vêtu, tout comme les adeptes de ma secte préférée (Om Shanti), également présents en nombre… Tous les autres sont des Indiens venus passer le week-end à Mont Abu. On a croisé 1 seule touriste occidentale !… Autant vous dire qu’une fois de plus, notre trio ne passe pas inaperçu… On en ressort enfin, les yeux encore emplis de marbre sculpté… Dieux, prophètes, animaux et décorations diverses… Vraiment pas facile de vous les décrire… Et pas de photos !… C’est peut-être aussi bien ainsi… Je crois que je n’aurais pas pu décoller l’œil de mon viseur !

On prend le temps de boire un chai dehors… Puis retour sur Mont Abu… On se rend sur les hauteurs qui dominent le lac. On y attend la disparition du Soleil. Lecture, mots-fléchés, discussion avec les curieux (notamment un jeune adepte de la secte), tentative de communication avec le très jeune fils du seul vendeur de chai et gavage d’une bande de singes… On redescend tranquillement alors que la fraîcheur s’installe rapidement… J’ai même dû déstocker ma polaire ! On se sépare ensuite… Hélène et son père, le vaillant Michel, s’en vont lire à l’hôtel… Je vais prendre ma leçon d’échecs… Dès que j’arrive, on me fait une place… C’est le champion local qui siège en face de moi… Je perds rapidement les 2 premières parties… En fait j’abandonne dès qu’il prend un certain avantage… ça a l’air d’être un (très) bon joueur… Je gagne les trois suivantes ! Sous les encouragements des nombreux spectateurs ! Il ne doit pas perdre tous les jours ! Et je parviens in extremis à la partie nulle à la dernière après avoir mené toute la partie ! Mais une lamentable erreur vers la fin aurait pu me coûter bien plus cher ! Je suis super content ! L’honneur de la France est sauf ! On m’offre le chai et on s’empresse de me féliciter… Rendez-vous demain…

19h00… Mes amis me rejoignent et on va dîner dans un petit resto… Pas de thali ce soir… Je suis ensuite aller me connecter sur l’un des deux seuls ordinateurs de la ville… Avec le principal vendeur (l’ordi se trouve dans une boutique de fringues et tissus), je commence à bien rigoler… Il est plutôt sympa et maîtrise l’anglais parfaitement… Ma présence a l’air de lui attirer des clients…

Retour à l’hôtel… Rédaction de ce compte-rendu quotidien… Frustration de n’avoir pas pu prendre de photo… Bilan néanmoins super positif… Encore une journée qui a filé très vite…

02/12/02

Lieu : Mont Abu

Je commencerais le compte rendu de cette journée par un grand merci à toutes celles et ceux qui m’ont envoyé quelques mots depuis mon départ… Vous n’êtes malheureusement pas bien nombreux… Je sais bien… Vous êtes dans le boulot jusqu’au cou pour la plupart… Et ma foi votre quotidien habituel ne vous semble pas suffisamment intéressant pour justifier l’envoi d’un message… C’est la routine… Quelques attentats en +, une petite guéguerre qui se prépare par-là et la France qui perd la coupe Davis… Rien de bien nouveau… Et puis tout ça ne nous empêche pas de bouffer… Ici, et j’en suis persuadé presque partout en Inde, y’en a pas mal qui doivent se contenter de quelques chapatis. Personne ne meurt de faim cependant. La mendicité a pignon sur rue. S’il n’est pas rare de voir les gens donnés délibérément de la nourriture aux animaux (chiens, cochons, poules, chèvres et vaches !), il doit être habituel pour ces mêmes gens de donner à leurs frères… Il doit être facile de quêter sa nourriture… La générosité des Indiens aisés (et de quelques touristes !), par le biais des dons dans les temples ou d’aides directes, se manifeste au quotidien. La misère vit à la porte de luxueuses demeures. Pauvreté et richesse les plus extrêmes se côtoient. Mont Abu est une station touristique locale très prisée. Les Indiens qui viennent y séjourner sont issus de la classe moyenne. Pas trop de luxe…

Cette fois... J'en peux plus...

Nous devons être les plus « riches » de la rue… Par conséquent la cible de ceux pour qui la bouffe est un véritable problème au quotidien. Ce matin, nous avions trouvé une place au Soleil pour prendre notre petit déjeuner. A distance respectueuse, je remarque une vieille femme vêtue d’un sari bleu, accroupie, et qui nous regarde en souriant… Elle passe et repasse devant nous… S’accroupit plus loin avant de repasser… Mendiante ?… D’habitude, ils sont un peu plus directs… Notre petit déjeuner arrive… Copieux… Du style rien d’autre avant le thali du soir… ça déborde de l’assiette… Je regarde la vieille… Les os sur la peau… Rien à voir avec les touristes de son âge qui elles, se portent plus que bien… Mais bon, si on n’arrive pas à supporter ce genre de spectacle, il vaut mieux rester enfermer dans sa chambre d’hôtel, ou mieux encore rester chez soi… J’attaque une crêpe de 50 cm de long… La spéciale maison… Mes amis prennent des sandwiches avec des crudités… - Hélène n’y touchera pas… aux crudités… Elle a été indisposée toute la nuit… 

S’il avait fait moins froid, je suis sûr que Michel serait allé dormir dehors… - Pour eux également, l’assiette est pleine… Et la petite vieille continue à nous sourire… J’ai l’impression qu’elle s’arrange pour se tenir toujours dans mon axe de vue… J’ai aussi l’impression de m’empiffrer… 

Y’a des supers sauces avec la crêpe… J’ai quand même un peu honte… Hélène commande deux chapatis, elle y joint sa salade et mes lentilles (trop épicées…), et fait signe à la vieille d’approcher. La mendiante s’empare de l’assiette, radieuse ?… En tout cas elle mange de bon appétit… Voilà nos consciences rassurées pour la journée… C’est peut-être la seule mendiante de Mont Abu… Si l’on exclut les quelques enfants et jeunes mères qui nous abordent parfois. Nous l’avons recroisée plus tard dans la journée… Elle nous a accompagnés sur une vingtaine de mètres toujours en nous souriant… Il n’est vraiment pas facile de ne pas être généreux en Inde. Tout au moins envers les plus démunis… Un chapati coûte entre 2 et 5 RS… Un des serveurs du resto/snack où nous sommes ira néanmoins lui demander d’aller quêter plus loin… Il n’est pas rare de voir les commerçants chasser les indigents, surtout lorsque nous sommes de potentiels clients… Générosité gratuite ? Apaisement de nos consciences ? Amélioration de notre kharma ? Rituel touristique ?…

On va ensuite faire un saut sur le réseau mondial informatique… Petit tour au marché… Hélène qui a renoncé à poursuivre son régime craque pour quelques pâtisseries locales… Michel achète des cacahuètes fraîches… 10 Rs les 400 g. Après la sieste, on part chasser le singe… 

On teste un breuvage local… Une vingtaine de vendeurs ambulants en proposent… Soda, menthe, épices, sel ?, sucre et citron… Imbuvable ! Pire qu’un café indien… Même une Indienne fait des grimaces en ingurgitant son verre. On ne finira pas le nôtre… Pour être honnête, je dirais même qu’on se contentera d’y goûter… - Merci Michel ! -… On n’est pas prêt d’arrêter le chai… On n’a pas le choix… C’est chai ou coca…

On a décidé de partir demain pour Jodpur… - D’après Mark (Cf. Tabo et Mc Leod Ganj), la ville craint… Il fait un tour rapide de l’Inde avec une amie anglaise « très aisée » et on s’écrit fréquemment… -

On fait un dernier tour du lac (étang) romantique… Les amoureux viennent s’y faire photographier en costumes de princesses ou de maharadjah. On s’écarte de la zone touristique… Dès qu’on croise des singes, on sort les cacahuètes… On remonte sur le « rocher du crapaud » qui domine le lac… Pas de joueurs d’échecs…

le « rocher du crapaud »

Thali rabelaisien et promenade digestive avant d’aller boucler nos sacs… Départ demain matin à 8h00… 6 heures de bus… 326 km… On a encore réservé en cabine…

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